Privilégiée ? Oui et alors !
Publié le 19 Novembre 2012
Comme beaucoup, je me pose beaucoup de questions, sur la vie, le temps qui passe, la spiritualité, l'amitié etc...
Crise de la trentaine oblige, je vis une vraie période de bouleversements hormonales ( merci la grossesse d'aider aussi ! ) qui m'amène à réfléchir sur ma vie.
Le bilan de mes 30 ans est plus qu'ultra positif : tout d'abord je suis heureuse, et ça c'est déjà beaucoup !
J'ai bien conscience d'être un peu " la fille qui énerve " parce qu'elle a tout ( ou en tout cas semble l'avoir, "tout" étant très personel à chacun ).
On ne va pas se mentir, c'est vrai que j'ai tout ce qui peut faire mon bonheur.
Un homme merveilleux à bien des égards. Un homme qui à mes yeux fait passer pour des petits joueurs 90% des autes hommes sur terre. Un homme que j'aime à la folie, même si la passion n'est plus vraiment torride entre nous ! Un homme qui réunit à lui seul toutes les qualités ( et les défauts ) qui me vont parfaitement. Un homme pour moi en somme. Et ça tombe bien car je crois qu'il m'aime bien lui aussi ! lol
Deux enfants mignons que j'aime aussi très fort d'amour. J'ai la chance qu'ils aient tous les deux la santé. Deux accouchements sans heurts. Une 3e grossesse qui est arrivée en un éternuement.
Une maison qui, si elle ressemble à un fardeaux avec tous les sous qu'elle nous côute, reste un endroit agréable et chaleureux à vivre et pour recevoir.
Des amis incroyables, qui n'hésitent pas à se bouger pour venir nous voir ( et on vit loin quand même ! ). Des anciennes amitiés qui perdurent, de nouvelles qui se créées.
Vivre dans un village où le mot solidarité veut encore dire quelque chose. Etonnant quand on sait qu'ici les gens votent à droite et extême droite ! Nous formons un groupe de mamans à l'école ultra-soudées et nous aimons nous rendrent des services.
J'ai la chance inespérée par les temps qui courent de pouvoir me permettre le luxe inconsidéré de rester à la maison pour pouponner et m'occuper de mes enfants. Alors pour les mauvaises langues qui me critiquent en disant de moi que je suis une grosse feignasse, c'est vrai !
Je préfère largement rester à la maison que de travailler tous les samedis, de rentrer à 20h30 et de me farcir 2h de voiture chaque jour ! Et sincèrement, à ma place que préfèreriez-vous ??
Grâce à mon congé parentale, je vais doubler mes "revenus". Ca choque les gens quand j'en parle. Comme si être nounou c'était déjà des vacances et qu'un congé parentale ce n'était rien de plus qu'une grosse blague. J'y ai droit, je le prend. Un point c'est tout.
Et quand je dis que je m'occupe de mes enfants, cela signifie que oui, je m'occupe de mes enfants. Sans être une mère parfaite ( Bébinou est déjà parti à l'école avec des crottes d'oeil !), j'essaie de les occuper, de les éduquer, de les accompagner sur le chemin de l'autonomie et de l'indépendance. Je ne cherche pas à en faire des petits rois non plus, surtout pas en fait. Dans une famille pour moi, on se doit d'être solidaires et attentifs les uns avec les autres. J'apprends à mon grand à s'occuper de sa petite soeur ( mettre la veste, enlever les chaussure etc ), je les fait participer pour mettre la table et la débarasser.
Ca va en choquer certains mais je suis assez fière que mon "grand" de 5 ans sache se préparer son ptit dèj tout seul et le débarasse dans l'évier ( pas à chaque fois mais ça viendra ) !
Je suis dispo pour eux mais il n'y pas écrit "boniche" sur mon front non plus !
Par contre ne comptez pas sur moi pour jouer les Bree Van De Kamp. Je suis tout sauf une petite femme d'intérieur. Débarquez à l'improviste un après-midi chez moi et vous aurez de grandes chances de tomber sur la table du midi pas encore débarassée ! Et vous savez quoi ? Je m'en fiche. Jérome et moi nous accordons parfaitement sur ce point, no stress. Tout ce qui est ménage peut toujours attendre encore un peu. Quand je m'y mets, je m'y mets à fond mais je suis un vieux diesel, il me faut longtemps pour me chauffer et démarrer ! lol
Et dans ce joyeux désordre, on est heureux alors on se moque bien de ce que les gens peuvent penser.
Malgré mes kilos en trop, et les phases où je me trouve moche, je m'aime ! Oui les années passent et je me trouve toujours autant à mon gout ! C'est plus fort que moi. J'adore me faire jolie, me maquiller, me lisser la chevelure etc... En plus je me connais bien et après 15 ans de pratique, en 2/3 coups de pinceaux je me transforme de la chenille en papillon.
Bref tout ça pour dire que oui, je suis privilégiée. Je suis "la fille qui énerve" . J'assume, je le revendique, j'en profite à fond. D'abord parce qu'on se sait jamais ce que la vie nous réserve, ensuite et surtout car je me rappelle d'où je viens. Je me rappelle du trou noir qui m'a aspiré il y a 7 ans. Je me souviens de la spirale de la loose qui m'a attrapé pendant presque 3 ans, m'a fait faire les pires choix les uns après les autres.
Je me souviens les disputes, les cris, les ruptures et les rabibochages avec Mister Ex.
Je me souviens être devenue maman à 25 ans, sans l'avoir vraiment préparé. N'avoir plus de travail, plus de vie sociale. Je me rappelle avoir pleuré, beaucoup beaucoup pleuré pendant la grossesse de Bébinou. Puis être coincée à la maison avec un bébé hurlant à longueur de journée.
Je me souviens avoir voulu en finir mais n'ai jamais trouvé le courage ( ou la lacheté, c'est selon ) de la faire. En plus les histoires de suicides je suis bien placée pour en savoir quelques choses puisque mon père s'est donné la mort quand j'avais 4 ans (violons please )
Je me souviens m'être imaginé jeter Bébinou par dessus mon balcon, finir ma vie en prison et me dire que cela serait mieux que d'être coincée ici avec lui et son père.
Je me souviens la rage que j'avais dans le ventre, la femme aigrie et mauvaise que j'étais devenue car je détestais ma vie et Mister ex. Je me suis vue, enceinte de 8 mois, un soir de réveillon, me disputer une énième fois avec lui, enserrer mes doigts autour de sa gorge; le haïr tellement que là en cet instant, la folie au bord des yeux, j'aurais pu le tuer de mes mains.
Je me souviens l'humiliation, les mots qui blessent et qui vous rendent si moches que vous n'osez plus sortir, ou regardez les autres.
Je me souviens de tout. Je ne cherche pas à en oublier une miette. Cela me permet de mieux mesurer ma chance aujourd'hui. Il y a un proverbe chinois qui dit "si tu ne sais pas où tu vas, regarde d'où tu viens". C'est une phrase que je me repète souvent quand j'ai un leger coup de mou, ça me rebooste !
J'ai déballé des choses que je n'avais pas encore dites, ça fait un bien fou ! Désolée si je vous ai touché mais mon passé fait aussi parti de ma vie.
Je vous prmoets que le prochain post moins glauque. On parlera de mon atelier du père nöel !